Un nouveau protocole pour mieux prévenir la rhodococcose

La rhodococcose est une maladie respiratoire du jeune poulain, induite par la bactérie Rhodococcus equi (R. equi). Elle se caractérise par une bronchopneumonie pyogranulomateuse, d’évolution subaiguë ou chronique, associée au développement d’abcès pulmonaires. Le taux de mortalité peut atteindre 80% en l’absence de traitement antibiotique.

Romain Paillot (Responsable de la recherche en santé équine pour Labéo, Normandie Équine Vallée site de Saint-Contest) et Camille Vercken (fondatrice d’Equiways, société d’expertise et de conseils pour les éleveurs en matière de biosécurité, Normandie Équine Vallée site de Saint-Contest) se sont associés pour évaluer un protocole de conseils destiné aux éleveurs pour lutter contre la rhodococcose. Le projet, prévu sur trois années, a reçu le soutien financier de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) ainsi que celui des principales associations représentatives de la filière dont le Stud-book Selle Français et la Fédération des Éleveurs du Galop.

 

Menée dans 5 exploitations dont 3 d’élevage de chevaux de sport, l’étude entame en 2020 la 2è année de son programme. L’ambition du projet est simple : associer analyses de sols (protocole Labéo) et audit de fonctionnement de l’élevage (flux d’animaux, gestion des effectifs, désinfection, pratiques agronomiques telles que chaulage, réensemencement, etc.) pour proposer à chaque élevage un arsenal de mesures ciblées et adaptées à la réalité économique de l’entreprise afin de lutter efficacement contre la rhodococcose.

 

Les principales conclusions qui découlent de ces résultats préliminaires indiquent que :

 

  • la charge bactérienne peut différer d’une parcelle à l’autre, même contiguës, au sein d’une même exploitation, ce qui souligne l’intérêt du dépistage des sols pour l’identification et la confirmation des parcelles représentant un risque potentiel. Cette information bactériologique permet de cibler les mesures d’agri-gestion et l’adaptation des méthodes d’élevage (rotation des parcelles, durée de présence des chevaux, sélection en fonction de l’âge et donc de la susceptibilité, etc.). Les mesures d’agri-gestion telles que le chaulage, le retournement des parcelles, l’arrosage ou le réensemencement ont un effet mesurable sur la charge bactérienne. Le nettoyage régulier des parcelles pour éviter l’accumulation des crottins ainsi que le curage et décaissage semblent également être des mesures importantes pour réduire le risque de contamination.
 
  • en outre, un historique de rhodococcose sur une parcelle se traduit bien par la présence de R. equi VapA-positive sur cette parcelle. La charge bactérienne peut diminuer dans le temps en l’absence de nouveaux cas de rhodococcose ou après agri-gestion. Toutefois, l’association inverse n’est pas systématique : la présence de R. equi VapA-positive n’est pas systématiquement associée à l’apparition de la maladie. Ce résultat indique que la présence de la bactérie, même au niveau de parcelles très poussiéreuses, n’est pas le seul élément d’importance pour l’apparition de cette pathologie. Cette donnée souligne l’importance de la durée d’exposition au pathogène, et donc l’impact potentiel de différentes pratiques d’élevage sur l’apparition de la maladie.

Romain Paillot/Camille Vercken – Figure de modélisation d’une exploitation (France – Chevaux de selle) et la mise en évidence des zones et pratiques à risques.